— Sans vouloir dévoiler l’intrigue, à la lecture, on comprend assez vite que les personnages de vos romans sont victimes de, comment dire ? … d’un complot ! N’est-ce pas ?

— Oui.

— Quelle réponse lapidaire !

— Je n’ai pas envie d’entrer dans le détail du récit.

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— Peut-on admettre que vos personnages sont complotistes ?

— C’est ridicule ! Ils sont victimes ! C’est quoi, ce mot « complotiste » ?!

— Ne vous énervez pas…

— Si ! je m’énerve. Vous êtes dans la provocation. Le mot « complotiste » est beaucoup utilisé depuis 2020. Je dois admettre que je n’en connaissais pas le sens avant 2020. J’ai écrit mes romans avant cela !

— Pouvez-vous situer cette période d’écriture ?

(Silence et réflexion)

— Je dirais que mes premières notes remontent à 2010 environ. Mais l’écriture des livres a débuté en 2016. J’ai terminé le deuxième roman en 2018. Vous voyez ! C’était avant cette période glauque que l’on vient de subir.

— Pourquoi le mot « complotiste » vous énerve tant ?

— C’est difficile à dire… À la réflexion, je sais ! Lorsqu’il y a un complot, les comploteurs ne veulent pas être démasqués, évidemment. S’ils sont démasqués, si des lanceuses d’alerte se manifestent, les comploteurs doivent trouver une parade : ils prétendent que les lanceurs d’alerte sont des complotistes. L’utilisation du mot « complotiste » camoufle éventuellement une méthode d’une effroyable perversité. C’est réducteur. C’est un anéantissement de celle ou celui qui vous prévient ou qui appelle au secours. Désigner une action comme étant du complotisme, c’est allumer un contre-feu. Mais je le répète : mes personnages Serge et Tony sont des proies, des martyrs, des êtres broyés. Je ne comprends pas pourquoi vous m’avez provoqué avec ce hors sujet !

— Et vous, êtes-vous complotistes ?

— Mais vous vous foutez de moi ? Je viens de vous expliquer que mes livres ont été écrits avant ce barnum ! Ce sont des romans.

— Mais enfin, je vois des points communs avec les faits se déroulant entre 2020 et 2022. Il y a un petit côté divinatoire, tout de même…

— Si vous le dites… Et allez ! Je suis prophète.

— Quelle mauvaise humeur !

— Je souhaite évoquer mes livres, pas me retrouver devant un tribunal parce que mes écrits décrivent un sale complot dans notre joli monde tout civilisé et tout guilleret.

— Tout de même, je vois comme une analogie avec les accusations proférées par les complotistes contemporains. Vos héros sont-ils libres d’aller et venir ? libres de rencontrer qui ils veulent ? libres de disposer de leur santé ? libres de s’exprimer ? libres de penser ?

— Cessez d’utiliser le terme « complotiste » pour désigner ces braves ! Vous n’avez donc rien appris de l’histoire des humains ?

— Vous avez peut-être pressenti la survenue de ces circonstances…

— Je vous le répète : je ne prédis pas l’avenir.

— Abandonnons la notion de complotisme qui vous déplaît. Parlons donc du complot, voulez-vous ? Ainsi, vos personnages sont victimes d’un complot ?

— Et oui. Dès le début de La clé de 14, Serge et Tony sont sous l’emprise de comploteurs ! On comprend vite que leur malheur ne provient pas d’un génial taré isolé comme… Je cherche un exemple. Le fou génial, c’est par exemple un thème récurant dans les BD de Marvel. Au contraire dans mes livres, compte tenu des moyens déployés pour asservir les victimes, il est évident qu’on affronte une grosse machine… Une très grosse machine. Et la suite de la lecture renforce le sentiment qu’il existe un système d’oppression implacable « caché sous la surface » de notre civilisation.

— Même si aucun enfant n’est impliqué dans vos écrits, l’histoire que vous racontez me fait un peu penser à « l’affaire Dutroux ».

— Ça n’a rien à voir, sauf peut-être la suspicion de complot dans l’exemple que vous évoquez. Je me souviens d’une émission de télévision sur le sujet. C’était une enquête de Karl Zero, si je ne me trompe pas. Je me rappelle aussi la « Marche blanche » de 300 000 personnes devant le parlement belge. Les pompiers arrosaient le bâtiment officiel… Les manifestants suspectaient-ils un complot ?

— Avez-vous entendu parler de l’adrénochrome ? S’il s’agit d’évoquer des convergences… N’est-ce pas ?

— Oui, j’ai lu quelques posts à propos de cette histoire d’adénochrome sur Twitter. Compte tenu de ce que racontent mes textes, vous comprendrez que ma curiosité m’a poussé à chercher des informations. Je crois que cette histoire provient du roman « Fear and Loathing in Las Vegas » de Hunter S. Thompson (2005). Je n’en avais jamais entendu parler. Il faut que je le lise !